Sur la route...
Etre éveillé, ce n’est pas être accompli : c’est être sur son chemin...
5. Quand vous faites de votre maladie votre nouvelle identité...
Si ce n’est pas déjà fait, je vous invite à lire l’article sur les égrégores avant d’entamer celui-ci. Pour rappel, un égrégore est une forme de pensée partagée par de nombreuses personnes qui a fini par devenir une entité autonome. Cette entité, quand elle est positive (= égrégore positif), transmet de l’énergie aux sujets. A l’inverse, un égrégore négatif pompe leur force vitale.
Le nom d’une maladie est un égrégore négatif. Et celui-ci est particulièrement puissant, et donc délétère pour la personne, dès lors que celle-ci s’est identifiée à sa maladie.
S’identifier à sa maladie est un danger qui menace de nombreuses personnes, et ce particulièrement quand leur mal est grave et/ou chronique. Je pense que les raisons de cette identification sont multiples.
Tout d’abord, comme je l’ai développé dans d’autres articles, la réalité fait que ce mal infiltre toutes les sphères de votre vie (sociale, professionnelle, familiale, cf. article « Quand la maladie pose ses valoches dans votre vie… »), et qu’il vous oblige à reconstruire de nouvelles manières d’être et de faire au quotidien (cf. article « Quand la maladie a ses appartements »). Dans de telles conditions, la faculté à maintenir une juste distance entre soi et la maladie s’apprend par tâtonnement, et par ballotage entre les 2 extrêmes « j’ai le contrôle, je gère la situation » VS « la maladie me submerge, je ne peux rien faire contre ». Cette situation est fragilisante pour tous, indépendamment du caractère de chacun.
Cependant, la juste distance entre soi et la maladie est particulièrement difficile à trouver lorsque le retentissement de cette dernière est fort. Ainsi, une personne qui, en raison de sa maladie, perd son travail (ou n’en trouve pas), est seule (son ou sa conjoint(e) est parti(e), les nouvelles rencontres sont plus difficiles…), vit dans la précarité, est dans l’incapacité de réaliser ses projets… va fatalement faire le constat suivant : « Ma vie est lamentable parce que je suis malade… ». Et oui, les gens voient cette personne comme un malade, cette personne elle-même se voit et se vit comme malade, et son quotidien ne fait que manifester à l’extérieur ce qu’elle ressent en elle, à savoir… l’inadaptation, l'incapacité, la dépendance : en somme, la maladie ! Ici, le risque de fusionner avec sa maladie est fort, étant donné que cette dernière fusionne avec tout ce qui l'entoure.
Mais, à mon sens, le facteur de risque le plus important en ce qui concerne l’identification à la maladie, ce n’est pas tant les retentissements extérieurs dont j’ai parlé ci-dessus, aussi difficiles soient-ils, mais… la fragilité de son moi intérieur, de son « sentiment d’être ». Ce moi intérieur, (cette étincelle qui fait de nous une personne unique), sommeille en nous depuis toujours et se développe, se manifeste et s’affirme tout au long de notre vie. Enfin… en théorie… car, force est de constater que nous vivons dans un système qui, bien au contraire, nous invite à éteindre notre flamme, autrement dit à refouler notre moi intérieur dans nos sombres profondeurs…
Ainsi, la personne qui, depuis toute petite, croit que son existence a une légitimité dès lors qu’elle réalise avec brio ce que l’extérieur attend d’elle (j’entends par « extérieur » ses parents, puis son partenaire, ses collègues de travail, la société…), apprend déjà à ne pas se concevoir (pire, elle apprend à ne pas se ressentir) en dehors d’une fusion avec autrui.
Alors, que risque-t-il d’arriver pour cette personne le jour où la maladie frappe à sa porte ? Et bien, passé le choc (cf. article : "Le jour où le mal prend la parole...") et la descente au fond du puits (cf. article : "Quand vous touchez le fond du puits : pourquoi vous ?"), cette personne finira fatalement par se poser la question suivante : « Mais qu’est ce que j’ai fait de mal ??? ».
Cette phrase là est considérablement puissante, et peut, en l’espace d’une seconde, vous reconnecter à votre moi intérieur, en vous laissant entrevoir à nouveau (ou pour la première fois…) le pouvoir qui est le votre (je développerai ce point de bascule crucial dans l’article : « Le jour où votre moi intérieur se réveille…»). Malheureusement, dans le cas qui nous intéresse, c’est tout l’inverse qui se produit. Ici, le sujet, submergé par une culpabilité dévastatrice, va réagir mécaniquement en faisant ce qu’il sait faire de mieux : fusionner avec ce mal qu’il ne peut que mériter de toute façon (cette pensée peut être consciente ou non).
Ainsi, l’identification va pouvoir se traduire de deux manières différentes :
- La personne, pensant se racheter, s’engagera dans une lutte contre la maladie à laquelle elle offrira toutes ses pensées et tous ses efforts. Telle une guerrière, elle fusionnera pleinement avec d’autres guerriers. Elle aura ainsi le sentiment d’appartenir à une armée (« Nous les cancéreux, nous les parkinsoniens, nous les dépressifs… on est des battants et on va s’en sortir ! ») et se sentira portée par ce souffle collectif qui lui redonnera la sensation d’exister. Or, il n’en est rien. Vécue de cette manière là, la belle énergie que fait naître, bien sûr, un réseau de personnes mettant en commun ses idées, ses connaissances, et son aide pour guérir file tout droit dans le canal magnétique qui relie le sujet qui nous intéresse à… l’égrégore de la maladie ! (voir à ce sujet l’article : "La puissance des égrégores… (1)")
- La victimisation : l’idée selon laquelle la personne a une part de responsabilité dans sa maladie est insupportable, est donc vivement déniée. La personne réajuste son rapport à la maladie autour de ce déni, et déverse, dans le même temps, son incompréhension et sa souffrance à l’extérieur (famille, collègues, réseau d’entraide…). Sans s’en rendre compte, la personne affiche ici sa maladie comme on afficherait une carte d'identité. Ici, l’égrégore est nourri par l’énergie psychique considérable que le sujet déploie pour maintenir le déni de son éventuelle responsabilité, déni garantissant sa santé mentale. L’égrégore se nourrit aussi de l’énergie que le sujet déploie en se focalisant en permanence sur son statut de victime.
La personne, en s’identifiant à l’égrégore « Mr malade X », lui lègue toutes ses qualités et ses forces. Epuisée, elle puise alors l’énergie de ses proches, qui se trouvent fatigués à leur tour. C’est un cercle vicieux dans lequel la personne est de plus en plus influencée par l’égrégore, et de moins en moins réceptive à son entourage.
Sortir de ce cercle ne peut se faire sans une prise de conscience douloureuse. Celle-ci est si douloureuse qu’elle sera, le plus souvent, non pas choisie par la personne, mais imposée (par une rupture, un mal-être insoutenable, une aggravation subite de la maladie…).
Néanmoins, gardez à l’esprit qu’il n’y a rien de positif ou de négatif en soi, dans le sens où toute expérience revêt un caractère positif ET négatif. L’identification à la maladie et la connexion à un égrégore négatif n’échappent pas à cette règle. Ces expériences, par leur caractère « dysfonctionnel », peuvent réveiller votre instinct de survie, et ainsi réveiller votre moi intérieur… (cf. article " le jour où votre moi intérieur se réveille…")