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4. Quand la maladie a ses appartements...

« On s’habitue à tout ». Oui, enfin presque…

 

Les mois ou les années ont passé. Vous avez :

 

- digéré vos premières déceptions

 

- appris à évoluer dans le secret si votre maladie vous le permet, étant « vacciné(e) » par les réactions que vous avez eues à vos débuts après l’annonce de votre maladie…

 

- appris à supporter les regards de compassion, de jugement, de pitié sur vous

 

- compris que votre place sociale et professionnelle n’est plus et ne sera plus la même selon la pathologie qui est la vôtre (ce point mériterait un article complet…)

 

- intégré que des actes banals et quotidiens (ex : se déplacer d’une pièce à une autre, se préparer à manger, prendre sa douche…) peuvent devenir de lourdes corvées tant la fatigue qui est la votre est intense. Ils deviennent donc, quand vous êtes au plus mal, optionnels…

 

- changé vos habitudes : les tâches que vous ne pouvez plus faire sont reléguées à vos proches, ou à des aidants extérieurs si vous pouvez financièrement vous le permettre. Pour ceux qui ne peuvent pas, vous avez appris à fonctionner « à minima ». Quoiqu’il en soit, vous percevez le spectre de la dépendance planant sur vous chaque jour…

 

- appris à être mal, et à supporter la douleur physique et morale. Peut-être avez-vous même oublié ce qu’est « se sentir bien »…

 

- …

 

Bon ben… c’est bon alors, c’est inconfortable mais c’est vivable ? Non, ce n’est pas bon. La guerre est toujours là… C’est devenu une guerre froide, possiblement moins lourde pour votre entourage, mais pas pour vous.

Le mal s’est infiltré par-tout. Pour faire face à cette réalité, vous avez peut-être décidé de vous couper de vos émotions. Ou alors, vous nourrissez une colère qui vous ronge, qui explose parfois, et qui ne cesse de vous murmurer : « C’est injuste… Ca n’a pas de sens… Regarde tous ces cons qui ne comprennent rien…». La peur, elle, vous dit : « Ca s’empirera, tu le sais… Tu ne guériras pas, ils te l’ont dit…  La mort semble si douce à côté, non ?... Pourquoi tu ne te tues pas en fin de compte ?... Tu sais bien que tu ne supporteras pas ça longtemps, hein ?... »

 

Peut-être essayez-vous de vous détruire par tous les moyens (par l’alcool, les drogues, les troubles alimentaires, les mises en danger volontaires, l’isolement, la dépréciation, l’inertie totale…). Vous ne vous projetez plus dans l’avenir, la survie ne l’autorise pas.  Demain, c’est déjà loin…

 

Vous ne vous rendez pas compte que vous avez pris votre mal par la main, et que vous marchez au même rythme que lui en étant devenu votre propre bourreau. Cette réalité est insupportable pour la conscience, alors vous la projetez sur les autres, sur le sort, sur la vie. Par effet miroir, vous voyez chez eux le bourreau que vous ne voulez pas voir chez vous.

 

Vous avez endossé un nouveau rôle : celui de victime. Mais un danger encore plus grand vous guette : celui de faire de votre statut de malade… votre nouvelle identité…

 

 

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