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16. Le pardon

Le pardon… voilà un mot que l’on entend un peu partout ! Il est évoqué par certains thérapeutes non conventionnels. On le lit aussi dans certains ouvrages de développement personnel. Et le pardon est, bien sûr, très présent dans les enseignements spirituels. Le pardon est tantôt suggéré, tantôt imposé comme étant l’incontournable en matière de paix de l’esprit et de guérison. En somme, pour certains, « si pas de pardon, pas de guérison ! ».

 

Au prime abord et dit comme ça, cette affirmation m'a plutôt braquée ! Néanmoins, je ne pouvais pas pour autant rejeter le pardon de but en blanc. J’ai donc cherché à comprendre ce que l’on me suggérait dans le fait de « devoir pardonner », dans le fait de devoir "demander pardon" aussi, et notamment dans des situations où j’estimais, à l’inverse, avoir droit à des excuses !

 

 

Le Pardon selon le Larousse

 

Le pardon, selon le Larousse, est le fait de ne pas tenir rigueur d’une faute. Jusque là, ça va pour moi, j’ai toujours entendu et compris le mot « pardon » comme ça. Cependant, quelque chose me chiffonne déjà : comment pardonner à quelqu’un qui ne demande pas le pardon ? Comment pardonner à quelqu’un qui n’a rien à se reprocher ? Mieux : comment pardonner à quelqu’un qui s’estime dans son plein droit dans les préjudices qu’il a pu vous causer ? (ex : « Oui, j’ai élevé mon gamin à la dure, il a pris deux trois torgnoles c’est vrai, mais c’est comme ça qu’on éduque les minots chez nous ! »). Que va apporter ce pardon à celle ou celui qui pardonne, si ce n’est une raison pour tolérer les manquements de l’autre ? Tolérance qui, certes, permet d’effriter les frontières entre les rôles de victime et de bourreau, mais qui ne libère pas celle ou celui qui souffre des agissements dysfonctionnels de l’autre ?

 

Vous l’aurez compris, ce pardon ne fait pas sens pour moi. Je le trouve injuste et inutile (voir dangereux !). De plus, ce pardon ne permet pas d’appréhender ce qui me semble incontournable : l’effet miroir qui réside dans chacune de nos relations, effet miroir qui doit nous inviter à nous poser les questions suivantes : « Pourquoi cette situation se manifeste dans ma vie ? Qu’ai-je à en comprendre pour évoluer, pour être en paix ? Qu’ai-je à modifier en moi pour ne plus être un acteur de ce type de scénario ? » (à ce sujet, l’article « Ho’oponopono (1) » pourrait vous intéresser).

 

 

« Part don » selon Patrick Burensteinas

 

J’ai entendu un jour Patrick Burensteinas parler du pardon en ces termes au cours de l’une de ses interviews. L’idée du pardon, que l’on pourrait écrire, et donc entendre « part don » selon la langue des oiseaux, a fait sens pour moi. L’idée de « part » (« part » entendue comme « partie », « avoir sa part de responsabilité », « faire sa part (de travail par exemple) »…etc…) place chacun des protagonistes face à sa responsabilité : sa responsabilité d’avoir volontairement ou non supporté telle ou telle situation, sa responsabilité de reproduire volontairement ou non des erreurs passées ou des schémas familiaux, sa responsabilité d’accepter ou de refuser telle ou telle chose… (voir l’article « Quelle est ma responsabilité ? »). Ainsi, entendre le pardon de cette manière revient à « faire sa part » ET à donner la part qui ne nous appartient pas à l’autre.

 

On peut faire sa part de différentes manières : en se mettant à l’écoute de l’autre, en cherchant à rétablir une communication, en refusant de porter quelque chose qui ne nous appartient pas, en se remettant soi-même en question, en acceptant de faire des concessions… Faire sa part invite bien souvent l’autre personne à faire de même, et donc à décanter une situation conflictuelle et/ou douloureuse.

 

Mais faire sa part ne suppose pas pour autant que l’autre personne fasse de même, cette dernière étant libre d’accepter de porter la part qui est la sienne (autrement dit d’assumer sa responsabilité). Néanmoins, ce qu’elle fait de sa part n’entache en rien la démarche de pardon qui est la votre, car le simple fait de prendre votre part, quelle que soit l’issue de cet acte, libère et instaure déjà la Paix en vous-même...

 

 

« Pars donc ! » selon Allan Duke

 

Allan Duke a également évoqué dans l’une de ses conférences le pardon comme un « pars donc ! ». A mes yeux, le « pars donc ! », comme le « part don », insiste sur le fait de se délester d’un poids que nous n’avons pas à porter, en laissant la part qui ne nous appartient pas à son propriétaire. Ici encore, pardonner (« part donnée ») ne signifie plus « ne pas tenir rigueur d’une faute », mais correspond plutôt au choix de mettre à distance ce qui n’est pas à nous. Le « pars donc ! » revient à prendre la responsabilité de refuser d’être le porteur des valises qui ne sont pas les nôtres, autrement dit de laisser ces valises sur le chemin et de poursuivre sans elles. De la même manière, SE pardonner revient à accepter de lâcher nos propres valises remplies de souffrances, de mémoires difficiles, de culpabilité… qui entravent notre cheminement.

 

 

Le pardon est libérateur c’est vrai. Mais encore faut-il pour cela que le mot « pardon » fasse sens pour nous. En ce qui me concerne, c’est la langue des oiseaux qui m’a permis de comprendre cette notion qui m’échappait jusqu’à présent. Pardonner est un acte très difficile car il renvoie nécessairement au lâcher prise. Et, comme le dit justement Santoka Taneda : « Il n’y a rien de plus facile à dire ni de plus difficile à faire que de lâcher prise »…

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